For the English version, click "EN" at top-right of the menu originale de cette publication (version française), ☰.
La thérapie d'Adélie
La blessure d’Adélie est un sujet qui m’a longtemps été malaisant, plus particulièrement lorsque nous étions encore à l’hôpital et obtenions des nouvelles de l’équipe médicale en neurologie. Ayant déjà perdu mon petit Zackaël et souffrant d’un profond deuil et d’une dépression, j’avais du mal à me tenir debout lorsque nous discussions de résultats (tel ceux d’un IRM) au sujet du cerveau d’Adélie. Dans cette publication, je n’irai pas en détails sur sa blessure. En fait, je ne possède pas les informations particulières de sa blessure. Cette publication se portera plutôt sur un type de thérapie que nous entreprenons avec Adélie.
Notre petite Adélie a subi une blessure grave au cerveau. Elle a été frappée par l’orignal du côté gauche de son cerveau ce qui a malheureusement provoqué une lésion permanente. Dans ma publication précédente Mise à jour d’Adélie, je parle un peu de certains handicaps qu’Adélie, plus précisément du côté droit.
Hémiparésie : un déficit causé par des lésions cérébrales ou de la moelle épinière qui engendre une paralysie partielle ou une faiblesse d'un côté du corps. Elle provoque des problèmes de force musculaire, de contrôle musculaire ainsi qu’une raideur musculaire dans les capacités de mouvements.
Pour Adélie, le dommage du côté gauche de son cerveau a entraîné une hémiparésie de ses membres droits. Adélie n'utilisait ni sa main droite ni son bras droit, et utilisait le côté gauche pour tout. Heureusement, son jeune âge est en sa faveur (2 ans au moment de l’accident). Le tissu cérébral détruit ne peut pas retrouver sa fonctionnalité, mais d’autres parties de son cerveau peuvent prendre en charge certaines des responsabilités de la zone détruite. La rééducation est donc importante afin de faciliter ce processus d’apprentissage.
Thérapie par contrainte induite du mouvement (TCIM)
Au début des années 1990, une étude sur des singes, supervisée par le neuroscientifique Edward Taud, a fait des percées majeures dans le domaine de la neuroplasticité. Il a découvert et développé la thérapie par contrainte induite du mouvement (TCIM). Cette thérapie aide les personnes souffrant d’hémiparésie une rééducation du bras et de la main de leur côté paralysé.
Dans l’étude, les membres « forts » des singes ont été immobilisés, les membres qui n’avaient pas été affectés par une blessure. Pour fonctionner, les singes étaient donc maintenant forcés d'utiliser leurs membres atteints, c’est-à-dire leur côté le plus faible. Beaucoup auraient pensé que ceci aurait laissé les singes impuissants. À la grande surprise de plusieurs, les singes ont tous peu à peu commencé à utiliser leur côté faible pour manger, jouer et fonctionner.
Avec la TCIM, les exercices répétitifs induisent le développement de nouvelles voies neuronales dans le cerveau, et les patients réapprennent à utiliser le membre paralysé. Le raisonnement de Taub était qu’un singe n’utilisera pas le bras affaibli s’il peut se servir de son bon bras à la place. Cet apprentissage de «non-utilisation» conduit à une détérioration supplémentaire. Cependant, si les deux bras sont faibles, il sera obligé de les utiliser. Cela peut sembler paradoxal, mais l'hypothèse a été confirmée par les expériences.
“Même si c'est un programme intensif où la thérapie se fait sur le bras, c’est en réalité le cerveau qui est formé, pas le bras.”
Lynne Gauthier, PROFESSEUR ASSOCIÉe en physiothérapie ET KINÉSIOLOGIE – l’University of Massachusetts Lowell – LINK TO SOURCE
La TCIM s’avérer bénéfique chez les patients qui ont subi l’une des conditions suivantes :
- Accident vasculaire cérébral (AVC)
- Traumatisme crânien (ex. Adélie)
- Paralysie cérébrale
- Sclérose en plaques
- Lésion de la moelle épinière
- Autres conditions neurologiques
Les patients atteints d'hémiparésie seront souvent découragés d'utiliser les membres affectés en raison de la difficulté qu'ils rencontrent. Nous avons vécu cela avec Adélie, elle aussi semblait involontairement développer un « apprentissage de non-utilisation ». L’apprentissage de « non-utilisation » peut notamment entraîner une détérioration supplémentaire de ses membres inactifs. C'était facile pour elle d'utiliser sa main gauche, mais extrêmement difficile pour elle de même lever sa main droite. Pendant une longue période, sa main droite était complètement serrée et elle semblait même ignorer que sa main droite existait.
Pendant son séjour à l'hôpital, en plus de la physiothérapie, Carl et moi lui faisions des étirements de sa main plusieurs fois par jour. Sa main droite était souvent froide et bleutée en raison de l'absence de circulation.
La TCIM nous a été suggérée pour Adélie. Nous nous sommes dit qu’Adélie serait prête pour la TCIM une fois qu’elle a ré-appris à marcher. Par contre, Covid et les annulations de ses thérapies ont fait en sorte qu’il fallait reporter l’essai de la TCIM. C’est donc en octobre 2020 que nous avons pu finalement aller de l’avant avec cette thérapie.
Nous avions l’option entre un plâtre permanent ou amovible. Nous avons opté pour le plâtre permanent puisque nous savons à quel point notre petite Adélie peut être déterminée. Il serait difficile pour nous de l’enlever et de le remettre si elle ne coopère pas. Avec un permanent, nous n’avons pas le choix, nous ne pouvons pas l’enlever, elle l’aura à 100% du temps.
Le 6 octobre, le bras gauche d’Adélie (« son côté fort ») a été complètement plâtré jusqu'au bout de ses doigts pour la forcer à utiliser son côté droit, son « côté faible ». Pendant ce temps, elle ne pouvait utiliser que la main droite qui a donc été utilisée de manière intensive, main qui normalement est peu utilisée par Adélie.

La TCIM a été plus difficile les premiers jours, surtout le soir au coucher. Adélie pleurait et me suppliait de l’enlever, « enlève » pleurait-elle. C’était inconfortable pour elle et il faut se rappeler que sa main droite était très limitée dans ce qu’elle pouvait faire. Nous devions ainsi être là pour l’aider davantage et la réconforter en lui disait qu’on ne pouvait pas l’enlever.


Adélie s’est habituée assez vite. Elle est une vraie championne. Malheureusement durant le temps de sa thérapie, elle a attrapé une infection urinaire avec une bactérie très résistante. Ceci a fait en sorte qu’elle ne se sentait pas bien (fièvre, manque d’énergie, etc), donc nous avons décidé d’arrêter la thérapie après 18 jours. C’était seulement quelques jours d’avance, nous voulions environ 3 semaines de TCIM.
Nous planifions une autre TCIM à la mi-janvier. La thérapie sera répétée probablement quelques fois par année. À ce stade, nous ne savons pas si la main et le bras d’Adélie pourront revenir à la normale. La TCIM est encore une thérapie qui est récente et fait donc l’objet de plusieurs études.

Pour Adélie, la réhabilitation se continuera pendant plusieurs années. Nous sommes confiants que son petit cerveau ira chercher des neurones de quelque part d’autre pour compenser celles détruites de son côté gauche de son cerveau.
“Le cerveau est très stable à moins qu’il doit changer.”
DR. NICO DOSENBACH, PEDIATRIC NEUROLOGIST AND SYSTEMS NEUROSCIENTIST AT WASHINGTON UNIVERSITY SCHOOL OF MEDICINE – LINK TO SOURCE
On continuera toujours de travailler fort avec Adélie. En fait, la semaine passée, nous avons reçu de la rétroaction très positive de la part de ses thérapeutes et des éducatrices de la garderie. Nous remarquons tous une grande amélioration de ses membres droits. Elle utilise de plus en plus sa main droite pour les activités qu’elle fait. Bravo Adélie, nous sommes fiers de toi!
C’est tout pour l’instant!
S.v.p. partager vos réflexions dans les commentaires au bas de la page.
Si vous avez apprécié cette publication, vous pouvez vous abonner en inscrivant votre courriel et cliquer «Abonnez» pour recevoir les prochaines!
Source : A Scientist’s Pink Cast Leads To Discovery About How The Brain Responds To Disability, Jon Hamilton, June 18, 2020, https://www.npr.org/sections/health-shots/2020/06/18/877621475/a-scientists-pink-cast-leads-to-discovery-about-how-the-brain-responds-to-disabi,
Laisser un commentaire